Dans l'aube roide de ce matin aucune horreur mystique ne vint tâcher sa fin du monde. Ce ciel pâle et rougeoyant lui prédisait ce qui était déjà arrivé: la magie avait cessé. Fini l'envol moite au-delà des sphères du désespoir, fini l'exaltation simple qui gonflait sa poitrine, fini la sueur comme une caresse sur sa peau grisée.
Il l’avait espéré l’apocalypse, avait guetté une révélation dans le mariage sombre des astres d’or et d’argent. Lorsque l’obscurité avait éclipsé le midi rayonnant il avait cru, un instant, pouvoir fêter avec le reste de l’humanité leur fin tant attendue.
« Fait chier, Paco a encore merdé… »
Articuler les mots de sa voix pâteuse lui permit d’appréhender les conséquences néfastes de l’abus de magie. Un goût d’infâme, d’un homme ou d’une femme remontait, luisant, déliquescent, dans son œsophage. Et soudain, il réalisa le froid. Le froid en plein cœur de l’été, le froid qui rongeait son humanité, le froid que la seringue avait injecté. Se recroquevillant pour trouver un peu de chaleur, il constata qu’il n’était pas seul. Un être existait, autre que lui.
Et cela lui était insoutenable.
Sa bulle céda à l’envers, figurant dans son esprit comme une explosion à reculons. Constatant l’odeur qui dégoulinait de sa chemise moite, il essaya un instant de ne plus penser à sa quintessence, son mana, qui maculait son corps, le sol de cette chambre morte. Une seule idée squattait les combles de sa psyché tordue par le désir. Comment faire de la magie, encore plus, encore et toujours ?
Car cette nuit qui devait être la fin du monde l’avait doucement poussé vers le seuil du dédale. Et ce matin, tout ce qu’il fit fut contempler la porte qui derrière lui s’était refermée…