un temps pour tous

Partons d’un pas assuré, mais non sans avoir observé auparavant la situation. Le temps est une notion fort utile, mais gardons-nous d’en faire un une chose existante avant de l’avoir vue en face. Pensez au phlogistique… ça laisse songeur.

Le fait est reconnu qu’on peut voir le temps à l’œuvre sur la matière. C’est ce qui fait penser à certains qu’il n’existe que par la matière qui le porte. Cela semble un peu court, et l’on voit bien ce qui conduit à une telle limitation du champ de vision : le traitement arithmétique des mesures du temps (mais la carte n’est pas le territoire), le cours du marbre régulièrement plus haut que celui de la poussière. Tout bien considéré, une telle vision exprime le refus d’inférer, partant, de réfléchir, laissons-la aux handicapés de la logique et du sentiment. Car le temps, non seulement agit de manière manifeste dans toute chose, mais il est aussi sensible comme durée, comme durée subjective. Le temps est présent à la conscience. Alors là, je m’arrête. Qu’on aille pas se représenter un penseur dans une tour en dent d’éléphant, c’est au contraire quelque chose de très simple. L’écoulement du temps est vécu dans la conscience de quelqu’un qui attend le bus comme plus que l’addition des voitures qui passent, de la course des aiguilles sur l’horloge et celle des nuages au ciel, tiens, déjà neuf heures moins le quart, le patron va pas être content. C’est-à-dire que ces signes extérieurs, il dit « c’est du temps », il les investit, et il les investit de quoi ? De la conscience qu’il a de l’écoulement du temps en lui. Mais alors ça ne se limite pas à une idée rationnelle ou anthropomorphique. A sa manière minérale, l’abribus aussi, il a conscience de l’écoulement du temps. Bon sang, qu’est-ce qu’il a plu la nuit dernière, ça me rappelle l’hiver 88 où il a fait si froid. Et toutes sortes de choses qu’il exprime aussi à sa manière, avec ses traces de rouille et l’eau qui stagne sur le toît.Et les voitures à leur manière, leur mouvement qui dit « pas le tvvrrrrroooon – pas le vrrrr – j’suis pressrrrroum » et l’autre, « peufpeuf encore 6 mois pas plus peuf peuf, si je continue de fumer comme ça, le mécanicien est formel ». Ça c’est des exemples, ça se passe pas exactement comme ça, mais on peut poser que le temps, pour « passer », a besoin d’un support, mais qui n’est pas strictement un support matériel, il a besoin d’une conscience, et cette conscience n’est pas strictement humaine, elle peut-être minérale, automobile, végétale, elle peut être ce que vous voulez. Maintenant peut-être que la conscience a besoin d’un support matériel et animal, ça, je veux bien le croire, mais ça n’est pas la question.
Eh bien j’affirme que dans ces conditions, le temps n’avance pas partout à la même vitesse, si on veut bien dire que le temps à une vitesse, qu’on pourrait définir comme sa « façon de passer » dans la conscience. Et là-dessus, les scientifiques ne me contrediront pas. Et pourquoi il ne « passe » pas toujours de la même manière, c’est que l’élément dans lequel il passe n’offre pas la même résistance. Sa vitesse, la résistance de l’élément, c’est la même chose. C’est le coefficient de pénétration de l’élément par le temps. Le marbre a un fort coefficient, la chair humaine, moindre. Les idées, ça dépend desquelles. L’ennui est très fortement pondéré, la joie l’est moins. Je ne dis pas que le temps existe, simplement qu’il ne coule pas partout au même débit. Je dis qu’il n’y a pas un temps objectif et un temps subjectif, je dis qu’il y a quelque chose comme un champ de temps probablement uniforme à l’échelle qui nous intéresse et qui s’exerce partout différemment. A Tir-Na-Nog, pas comme à Paris, et à la Foire du Trône encore différemment des palais du gouvernement. Je dis que dans certaines circonstances, mon état d’ébriété et le nombre de cigarettes que j’ai fumées peuvent ne pas correspondre à la durée qu’a mesuré la montre de mon voisin, et que si je lui demande à vue de nez quelle heure il est, il risque fort de se rendre compte que sa montre n’est plus à son poignet. Je dis que dans ces conditions, autant la lui rendre et terminer la démonstration.


Je soupçonne un grain de « masse noire » à l’œuvre qui aurait fortement contracté le temps. J’ai l’idée qu’il y a eu un sommaire quelque part, j’ai aussi la nette sensation d’avoir « manqué » quelque chose (par exemple, ce voyage jusqu’à Vegas…). Et en même temps, mais il me faudrait un élément extérieur pour le vérifier, or même ces étoiles sonnent comme un dais artificiel, j’ai l’intuition que le temps passe plus vite ici qu’il n’y semble en réalité, comme en Arcadie, où l’on ressort vieilli de 7 ans après une journée passée à se prélasser.

Si vous avez besoin de l’heure, john est l’homme qu’il vous faut !

A partir à la recherche du temps perdu, John découvre des trous dans sa tête et son emploi du temps.

Il bénificiera d’un Backstage pour les archives privées du Ministère du Temps.

Et puis il y a ses infimes fluctuations qu’il peut cependant percevoir : un ralentissement temporel en accélération : il pourrait bien finir par nous rapprocher de la Fin du Temps avec une vitesse infinie, pour l’éternité.
Autant passer cette éternelle et dernière seconde en fêtant la fin du monde….