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 Ferdinand Drake

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Nombre de messages : 69
Date d'inscription : 19/04/2005

Ferdinand Drake Empty
MessageSujet: Ferdinand Drake   Ferdinand Drake EmptySam 25 Juin - 5:54:28

Nagueeb arborait un mine sombre. Il tendit à Ferdinand Drake une liasse de feuillets chauds sortis de l'imprimante.
– Ca ne passera pas, Drake. Marshall ne va jamais signer la vente car l'introduction sur une bourse
européenne (Frankfort ou Londres) serait plus avantageuses ...
– Ouais, de 20 millions de dollars – je sais qu'il a été contacté par Dale & Sharpe pour une OPV en Europe, j'ai pu intercepter un de leurs mails ...
Bertrand Gévaudan semblait inquiet, lui aussi.
- Et moi je vous dis qu'il va signer. Personne ne rejette la Vérité quand il l'entend !
– La vérité ? Quelle vérité ? - Bertrand eut un sourire amusé.
– Que même avec 20 millions de dollars, 680 millions ça fait quand même un joli pactole. Que son imbécile de fils a raison en voulant lui forcer la main depuis des mois. Q!ue seule son obstination lui fait refuser ce que le vénérable Joseph Marshall père aurait pris sans hésiter. Et qu'à son âge ...
Bertrand l'interrompit :
– Comment ça à son âge ? Il a encore de belles années devant lui et je suis sur qu'il rêve de finir ses jours dans son bureau en train de signer un énième plan social !
Ferdinand Drake secoua vigoureusement la tête.
– Et moi, je pense qu'il adorerait ocupper ses vieux jours sur son yacht, à pêcher le thon le large des côtes de Floride avec quelques amis du Rotary Club et à servir du champagne à des playmates rencontrées à une soirée chez Hugh Heffner...
Nagueeb le regarda curieusement ... Il se dérida enfin.
– Oui. Vu sous cet angle. Il faudra être drôlement persuasif, Drake.
– Là, je suis d'accord avec toi. Mais ça tombe bien, c'est ma spécialité.
Bertrand explosa :
– Mais enfin est-ce que je suis le seul à penser rationellement ici ? Je te dis que sa boîte vaut au moins 20 millions de dollars de plus et tu me parles de pêche au thon ! Avec 20 millions, il pourra se payer un deuxième yacht juste pour rapporter ses prises !!!
Ferdinand Drake prit un air absolument candide.
– Absolument, Bertrand. Tu estimes que la boîte vaut 20 millions de plus, moi je SAIS que je peux la revendre à 200 millions de plus, non sans leur avoir pompé autant en R&D, mais la question centrale est : a-t-il vraiment envie d'un deuxième yacht ? Ton raisonement tiendrais si je devais négocier avec un ordinateur. Mais je vais rencontrer aujourd'hui 90 kilos de subjectivité, de partialité, de fantasmes et de craintes sourdes.



- Voyons Drake, vous avez vraiment pété les plombs ou quoi ? Les conditions de cession sont absolument inacceptables ! Qu'est-ce qui vous fait croire que je vais signer une horreur pareille ?
Joseph Marshall Junior – 65 ans – était rouge écarlate. Un morveux venait jusque dans son antre –son bureau qui faisait la vie et la mort de ses 3500 employés dont certains rêvaient toute leur vie de s'approcher à moins de 10 mètres – tenter de le dévorer vivant !
Ferdinand Drake eut un sourire radieux. Il retira ses lunettes noires Police, les posa soigneusement sur la table et plongea ses incroyables yeux gris dans ceux de Marshall. Contrairement à ce qu'attendait Joseph R. Marshall, il n'y lut aucune trace de malice, de mépris ou de cynisme. Presque de la tendresse.

- Mais naturellement parce qu'un homme d'affaires aussi éclairé que vous sait quand il ne peut pas obtenir plus. Parce que cela représente assez d'argent pour mettre vos descendants à l'abri du besoin pour au moins trois générations. Et surtout parce que, au fonds de vous, vous en avez assez de vivre à ce rythme et aimeriez bien pouvoir enfin profiter du fruit ô combien mérité de plus de quarante ans de travail acharné.
Ferdinand Drake sut immédiatement que l'argument avait porté car il perçut la légère contraction à la comissure de ses lècres. Néanmoins, Marshall n'était pas homme à céder sans avoir tiré ses dernières cartouches. Il était aujourd'hui le résultat de quarante année de pugnacité qui lui avait permis de faire du petit laboratoire pharmaceutique du Michigan que son père avait édifié une multinationale leader dans plusieurs secteurs de pointe dont l'ingéniérie génétique. Il n'y comprenait certainement plus grand chose au niveau technique, mais il savait gérer des négociations !
Il contra :
- Et pourquoi ne pourrai-je en obtenir plus ? Dale & Sharpe Securities m'ont présenté une excellente simulation d'OPV ...
- Si je peux me permettre Dale & Sharpe – pour qui je n'ai que du respect - sont trop optimistes. Ils se basent sur des ratios de valorisation sans fondement : qui se soucie du P/E d'une société allemande
aux Etats-Unis Monsieur Marshall ? L'Europe est en plein marasme, la consommation des ménages stagne, les taux d'intérêts sont déprimés pour ne pas dire déprimants, et, bien plus grave leurs archaïques gendarmes du marché découragent toute position dominante - on l'a bien vu quand Roche et Olafssen ont voulu fusionner et qu'on leur a rétorqué qu'une position dominante sur le sérum était inacceptable !
- Eh bien on n'a qu'à procéder à Wall Street !
Marshall était triomphal. Bingo. Exactement là où Ferdinand Drake voulait l'emmener.
- La meilleure situation pour une OPV en ce moment, je n'en doute pas, Monsieur Marshall.
Néanmoins, dans ces conditions les ratios de valorisation ne tiennent plus. Il faudra comparer avec des sociétés américaines du même secteur ... et je crains que dans ce cas, il faille s'attendre à un prix de cession qui vous dessert totalement – comme le montre ses scénarios que j'ai élaboré ! Mon offre est ainsi plus avantageuse d'au moins 15%. Et 15% sur plusieurs centaines de millions de dollars ....

Ferdinand eut un soupir nostalgique. Puis il se reprit.
- Allons Monsieur Marshall, dites plutôt que je vous rappelle votre fils Andy quand il vous tient tête. (la presse financière avait relayé le conflit managérial entre le père et le fils concernant les modalités de cession de l'entreprise familiale mais Joseph avait toujours obtenu gain de cause devant son conseil d'administration). Je vous répondrais que vous me rappelez mon père quand je lui ai suggéré –chiffres à l'appui - de me vendre son vénérable cabinet d'avocats Drake Ltd.
Marshal était abasourdi par la tournure que prenait cette discussion. Mais il devait bien avouer que ce Drake avait mis le doigt sur le point sensible : il n'admettait simplement pas de s'incliner devant un jeunôt de l'âge d'Andy, même s'il savait que les simulations de Drake étaient plus réalistes.
Il hésita puis soupira :
- Vous voulez dire que vous vous êtes fait les dents sur votre père ? Vous êtes plus machiavélique que
vous n'y paraissez, Drake !
Drake éclata d'un rire franc, et eut un sourire candide.
- Absolument pas Monsieur Marshall. Je suis convaincu que mon père a fait le bon choix. D'ailleurs si vous passez par les Maldives vous pourrez lui poser vous-même la question.
Drake lança son portefeuille, ouvert, sur la table. Dans l'une des pochettes transparentes, on voyait un homme à la soixantaine sur un superbe voilier. Il servait du champagne à une jeune poupée imitation parfaite de Pamela Anderson. A l'arrière plan, on voyait une crique paradisiaque.
Depuis la mort de sa femme Peggy, Joseph Marshall avait défrayé la chronique people en se montrant avec des filles de plus en plus jeunes et de plus en plus blondes. Et – Drake l'avait lu dans son esprit – il adorait la voile plus que tout au monde.
Le sentiment d'appropriation fut immédiat.
Drake avait gagné.
Il se leva, rangeant ses papiers et tirant de son attaché case une copie dûment reliée de son rapport pour Marshall.
- Néanmoins, je sais que mon père n'a pas accepté tout de suite. Il faut du temps pour se séparer de l'oeuvre de toute une vie, Monsieur Marshall. Je vous accorde donc quinze jours de réflexion de plus.
- Inutile. J'ai bien réfléchi. Vous avez foutument raison, Drake. Je crois que c'est la première fois de ma vie que je le dis à quelqu'un de plus jeune que moi !
- Je ne le répéterais pas.
Marshall eut un étrange regard vers lui.
- Je sais. Vous êtes un type redoutable Drake. Vous obtenez toujours ce que vous voulez ?!
- Toujours Monsieur Marshall.
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